Mon nom est personne !
Quelqu’un a dit que les voyages formaient la jeunesse. Dans quelques mois, je vais avoir trente ans et je voyage toujours. Est-ce que cela me rend éternellement jeune. Ou bien définitivement insouciant et immature. Physiquement je me dirige vers la trentaine, psychiquement je suis resté à l’âge de mes vingt ans et globalement, je voudrai avoir seize ans. Le temps est un impardonnable castrateur. Un assassin sans trêve contre qui nous ne pouvons rien.
Demain, à treize heures, je prends le train en direction de Saint-Pétersbourg. Je ne parle pas russe mais mon anglais s’est amélioré au fur et à mesure de mes excursions. Plus ou moins longues et pour diverses raisons. Quelques fois pour des bonnes, probablement plus souvent pour des motifs inavoués, qui m’échappent encore aujourd’hui. Je n’ai jamais aspiré à une stabilité dans mon quotidien. Construire ma vie professionnelle, sociale, conjugale et familiale n’a jamais été une de mes préoccupations. J’aime m’adonner à penser que j’appartiens à la catégorie des « inclassables » par rapport à l’ensemble des individus. Je ne crois pas en l’épanouissement censé émaner de cette suite anthropologique. Ou plutôt, je n’y crois plus.
Deux choix s’offrent alors à moi : mourir ou fuir, et j’ai opté pour la deuxième solution. La touche "Exit". Non pas que l’idée de m’éteindre à petits feux me séduise mais mon instinct de survie est encore trop présent. Alors, je m’auto sabote et ce, en toute conscience.
Je vais partir, je répète cette phrase pour répondre à tous mes doutes, comme pour me persuader d’un projet défini. Cela me rassure de me fourvoyer dans cette stagnation, j’ai presque l’illusion d’être vivant. Presque. Mais le plus difficile n’a jamais été de partir mais de savoir, et surtout de pouvoir, revenir.