Cinquante et un printemps

Publié le par Luscyhl

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18e arrondissement. Appartement 18. Une coïncidence ? Probablement pour vous et moi, mais pas pour Joséphine. Derrière ce nombre il y a toute une histoire. Elle commence à ses 18 ans, par un 18 juin. La suite lui appartiendra jusqu’à la fin. Et peut-être même après.


Ici, c’est comme si le temps s’était arrêté. L’appartement parait si petit mais à la fois tellement grand pour réussir à trouver une place à chaque chose entreposée. Des cadres, des photographies, des tasses à café, quelques boites de lait, des livres, des cartons, des piles entières de feuilles griffonnées,… ce qui attire mon attention, c’est la coiffeuse en bois et en marbre blanc cassé avec ces tracés irréguliers. Elle est couverte de poudriers, de rouges à lèvres, de colliers de perles, de broches extravagantes, de khôl et de pinceaux. Je ne peux pas m’empêcher d’ouvrir certains flacons de parfum pour sentir les odeurs de musc, de patchouli ou encore de jasmin qui s’en dégagent. Je t’imagine coiffer tes cheveux noirs le regard audacieux fixé sur le reflet du miroir. Celui pour qui tu t'es résignée. Tu m’apportes alors un verre de vin en riant de me voir contempler toutes ces « vieilleries », comme tu dis. On pourrait presque croire qu’aucune d'entre elles n’a vu les années passées. Si on fermait les yeux pendant cinquante petites années : les spectateurs s’assiéraient, les murmures se tairaient, les escarpins à brides danseraient, les robes à froufrous voleraient, les pinces à cheveux glisseraient, les sourires se forceraient, les applaudissements raisonneraient, les cotons se noirciraient puis rougiraient et Milord pleurerait un printemps 1959.  Et toi, aussi. Il te l’avait promis, tu t’étais mentie.


Les volets bleus décolorés par chaque nouvelle journée sont fermés. La poussière a enveloppé les derniers souvenirs de l'appartement. Tu t’étends péniblement, mais toujours aussi gracieusement, sur le canapé. Tu n’as plus l’habitude de boire du vin, me confies-tu. Le passé semble davantage t’entêter. Le chemin des rêveries chimériques est infini lorsque le présent n'est plus que passé. Osez osez Joséphine, plus rien ne s’oppose à la nuit, rien ne justifie. Et que ne durent que les moments doux.  

 

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F
<br /> <br /> Un petit voyage dans le passé<br /> <br /> <br /> http://www.femmes-en-1900.over-blog.com<br /> <br /> <br /> http://www.femmes-1900.fr<br /> <br /> <br /> une nouvelle gravure chaque jour<br /> <br /> <br /> Bonne journée<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
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L
<br /> <br /> Je ne sais pas de qui tu parles  mais j aime toujours autant le style ;)<br /> <br /> <br /> <br />
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L
<br /> <br /> Pas si enutile ! :)<br /> <br /> <br /> <br />