Batifolage formolisé

Publié le par Luscyhl

Tout a commencé un matin ordinaire d’un mois de septembre quelconque. Et vous allez pouvoir justement palper toute la magie du contraste de cette journée d’allure anodine.

 

Imaginez-vous flâner sur votre lieu de travail, à vous demander ce que vous pouvez bien foutre ici, voire pire : remettre en question votre décision d’orientation quand vous n’étiez alors qu’un enfant (d’accord, peut-être qu’à dix-huit on n’est plus tout à fait un enfant… mais ne nous attardons pas sur la forme).  Inutile de préciser que le désabus a ravagé votre boite crânienne. Quand une voix sensuelle, d’une octave finement ajustée et d’un niveau sonore justement dosé me dit alors originalement : bonjour.

 

Ça ne peut pas être l’apprenti médecin, la voix, CETTE VOIX, ne s’est pas heurtée dans les hasardeux et sinueux recoins de la longue route qu’est : la mue. Ça ne peut pas être non plus Dr. Trouduc’, l’odeur naphtalinée de ses chemises rayées ainsi que celle de la croûte du cuir de ses mocassins auraient été prises en traître. Ma curiosité se voit dans l’obligation d’outrepasser mon impolitesse afin d’identifier cet individu qui me salue. Flûte. D’un revers de tête - dont je ne me remets toujours pas- j’aperçois, à quelques mètres à pas de fourmis, CET HOMME. Je vous avertis, vous n’allez très certainement pas me croire mais… entre deux show…Benjamin Biolay est infirmier ! Comme ça, pour déconner quoi.  

 

Tout y est : depuis le nez grossièrement dessiné (dit-elle…), la bouche généreuse, l’œil doux et malicieux à la fois jusqu’aux cheveux faussement gras (heureusement, je m’étais pris une averse en allant travailler, on se ressemblait un peu) (oui je sais, c’est ce que disent les gens qui ont toujours les cheveux gras) (sauf que moi, c’était vrai). Aucune fausse note.

 

Il se trouve en plus que Ben (c’est plus hype que son prénom initial) est un garçon très fute-fute. Il a plein de trucs à dire et en plus, on s’en fout pas. Une denrée rare dont je me suis empressée de saisir. J’aurai pu le regarder pendant toute l’éternité, à travers ce contre-plaqué. Mes mains (et mon nez) écrasées sur la vitre et après un lourd souffle chargé de tabac froid, j’aurai dessiné un cœur avec mes doigts. Ou alors je me serai collée des électrodes partout autour du cœur mais en le retravaillant plus finement que la nature ne l’a fait !

 

Alors moi, je m’imagine à cavaler sur la plage, avec lui. Les cheveux au vent (sauf si ils sont très très gras), la main pour me cacher de la lumière qui reflète sur mon visage. Puis chanter, en montant dans les aigues : « Il y a cette lumière, qui ne s’éteint jamais, comme un réverbère, comme les feux d’un loquet. Dis moi, qu’est ce que ça peut foutre puisqu’au bout de la route, il n’y a qu’un grand désert » (Extrait de la chanson « Qu’est ce que ça peut faire » pour les non connaisseurs) On se serait compris avec les yeux. On aurait pu être heureux à vivre sur nos chevaux. On aurait pu.

 

Mais il a fallu que tu me parles de cette histoire de « bateau », de « beau-père », de « copine ».

 

Ne me parlez plus de bateaux, de beaux-pères ou alors si ça vous pouvez mais pas après 40 ans, et encore moins des copines des mecs maqués.

 

Dans le creux de mes reins, des va-et-vient. Piétinée. Par nos deux chevaux blancs.

 

Tututttttttt-----ttttttttt-----ttttttt-tttttt---t-tuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuut-----------------------

 

Choc non préconisé.

Publié dans Sur la ligne blanche

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Commenter cet article
L
<br /> <br /> J'aime beaucoup ton style d'écriture agréable, sans prétention et drôle.<br /> <br /> <br /> Juste un bémol avec le tututuuu... que j'ai pas compris : le bruit du choc??<br /> <br /> <br /> <br />
Répondre
L
<br /> <br /> J'aurai juré que je faisais pourtant vachement bien les rythmes cardiaques !<br /> <br /> <br /> <br />